La nymphoplastie (ou labiaplastie) est le nom de l'opération qui consiste à réduire les petites lèvres. Cette intervention, qui peut être réparatrice ou purement esthétique, connaît un essor sans précédent. Pour illustrer l'avis d'experts, des extraits de leurs publications.

 

La nymphoplastie n'est pas une opération visant à augmenter le plaisir sexuel. Il n'est pas facile de définir des indications strictes à cette intervention tant la gêne dépend du vécu de chaque femme. 

Gary J. Alter, auteur américain très expert en matière de chirurgie intime, s'y intéresse depuis fort longtemps ! Il écrit le 29 mars 2016 : « La préservation des nerfs sensitifs n'est en rien une garantie de jouissance féminine préservée, car celle-ci est multifactorielle. Par contre, les cicatrices douloureuses liées aux malfaçons, les erreurs techniques avec modifications de l'anatomie péri clitoridienne sont des sources de douleurs préoccupantes et doivent être réparées. »

Cet article est rassurant quant à la préservation des nerfs sensitifs dans la majorité des techniques de labiaplasties. 

« Cet article assure que l'approvisionnement nerveux des petites lèvres est préservé dans la plupart des techniques traditionnelles de labiaplastie conservatrice. Cependant, l'auteur ne précise pas si la présence de petites lèvres est un aspect important de la gratification sexuelle féminine, et ne signale aucune étude qui clarifie la signification sensorielle labiale. La gratification sexuelle féminine est presque certainement due à de nombreux facteurs, notamment la stimulation du clitoris, du frein clitoridien, de l'intérieur du vagin et du point G. De plus, l'apparence et le confort des patients affectent psychologiquement la sexualité. »

« J'ai effectué des milliers de labiaplasties en enlevant un coin central, souvent combinées avec un repositionnement clitoridien, une réduction du capuchon clitoridien, des réductions clitoridiennes et des réductions des grandes lèvres. Je n'ai pas eu de patients se plaignant de perte de sensation ou de satisfaction sexuelle. Cependant, nous ne savons pas si la diminution ou l'élimination des petites lèvres par amputation totale, involontairement ou intentionnellement avec le « look Barbie », a vraiment un effet significatif sur la baisse de sensation et sur l'orgasme et, par conséquent, sur la gratification sexuelle. »

« D'après ce que j'ai vu, la sécurité des labiaplasties dépend surtout de l'habileté et de la technique des chirurgiens. Les mauvais résultats et leurs causes doivent être étudiés. Malheureusement, trop de chirurgiens non formés ou "cavaliers" effectuent des labiaplasties sans comprendre les effets secondaires ou les complications potentiellement graves. Le chirurgien doit être conscient des défaillances potentielles de son opération et se doit d'utiliser une technique méticuleuse pour l'exécuter. Sinon, des douleurs intenses et des difficultés sexuelles et per-orgasmiques peuvent survenir. »

Commentary on : The Safe Labiaplasty A Study of Nerve Density in Labia Minora and Its Implications :

« This paper is reassuring that the nerve supply to the labia minora is preserved in most mainstream conservative labiaplasty techniques. However, it does not state whether labia minora presence is a significant aspect of female sexual gratification, and I do not know of any study that clarifies labial sensory significance. Female sexual gratification is almost certainly due to many factors including stimulation of the clitoris, clitoral frenula, and internally to the vagina and G-spot. In addition, patient confidence and comfort in appearance psychologically affects sexuality. »

« I have performed thousands of central wedge labiaplasties, often combined with clitoral repositioning, clitoral hood reduction, clitoral reductions, and labia majora reductions. I have not had patients complaining of loss of sensation or sexual satisfaction. However, we do not know if decreased or eliminated sensation of the labia minora by total amputation either unintentionally, or intentionally with the "Barbie look" really makes a significant effect on sensation and orgasm and, thus, sexual gratification. »

« From what I have seen, safety with labiaplasties is most dependent on the skill and technique of the surgeons. The poor outcomes and causes need to be studied. Unfortunately, too many untrained or cavalier surgeons are performing labiaplasties without understanding the side effects or potential life-damaging complications. The surgeon must be aware of the potential failings of his procedure and use meticulous technique to perform it. Otherwise, severe pain and sexual and orgasmic difficulties can occur. »

La labiaplastie, une chirurgie réparatrice ou esthétique. © Rogerphoto, Adobe Stock

Indications et contre-indications de la labiaplastie

Certains auteurs très conservateurs s'élèvent avec fougue contre toute cette chirurgie intime jugée anormale, voire scandaleuse. C'est le cas du sexologue Gérard Zwang et de bien d'autres auteurs non-médecins qui s'expriment dans des forums dédiés et par des blogs incendiaires !

Exemple concernant le livre « Touche pas à mon sexe », en 2013, de Gérard Zwang, analysé par T. Savatier. Depuis la sortie en librairie, en 1967, de son ouvrage « Le Sexe de la femme » (récemment réédité), Gérard Zwang continue, si tant est que le sujet permette cette expression, de creuser son sillon. « Touche pas à mon sexe » se présente donc comme un vibrant plaidoyer en faveur du sexe féminin pris dans son état naturel et, parallèlement, comme un violent réquisitoire, souvent soutenu par un humour grinçant, contre les phénomènes de mode et les pratiques religieuses ou tribales qui viennent s'y attaquer.

L'auteur part d'un constat : « La vulve a ainsi subi plus que tout autre partie du corps humain, et de façon préférentielle, les agressions les plus stupides, mais aussi les plus sauvages et les plus barbares. Et depuis longtemps. Pas loin de deux millénaires. » Au fil des chapitres, Gérard Zwang dénonce en premier lieu les religions qui, au nom de l'idéal ascétique et d'une conception patriarcale de la société, tentent par la superstition et la coercition, de régenter et limiter la fonction érotique en imposant des « systèmes moraux répressifs de la sexualité ». Puis il s'attaque à l'épilation, dont il rend la mode des strings brésiliens en grande partie responsable, depuis les années 1980, et dans laquelle il voit le signe d'un néo-puritanisme. Mais il mène aussi la charge contre les piercings, les incrustations et même une désodorisation intime, signe d'un hygiénisme forcené.

D'autres modifications du sexe féminin font encore l'objet de son ire, à commencer par les opérations des « réformateurs de vulve », en d'autres termes certains chirurgiens esthétiques (pratiquant notamment la nymphoplastie), lesquels sont accusés de faire fortune en voulant répandre une « morphologie vulvaire stéréotypée ». Sans doute l'auteur se montre-t-il sur ces points très radical, puisqu'il ne prend pas en compte, dans le cas de l'épilation ou des piercings, par exemple, d'une décision réfléchie de la femme de modifier son corps comme elle l'entend, indépendamment de toute pression sociale ou de tout caprice masculin. En revanche, on ne peut que le suivre lorsqu'il met en lumière la barbarie des mutilations sexuelles. »

D'autres prises de position très militantes contre la chirurgie intime féminine sont publiées dans différents médias :

AGAINST : Labiaplasty is an unnecessary cosmetic procedure, auteur : Sarah Creighton, première publication le 17 avril 2014.

« The escalating demand for labiaplasty is unexplained by any proven change in labial size or pathology. Without exception, the aim of surgery is to make the labia minora less visible--an aesthetic that matches the homogeneous vulval appearance promoted in the mass media and advertisements for labiaplasty. As a cosmetic procedure, is labiaplasty necessary, and if so for what ? Labiaplasty is an unnecessary cosmetic procedure that does not address the underlying social reasons that give rise to female body insecurities. Instead of joining the band wagon, it is in doctors' gift to make a real societal contribution by educating the world about the diversity of vulval appearance and its compatibility with psychological and sexual health and wellness. »

Ainsi, l'article de Sarah Craighton affirme en mai 2014 que la labiaplastie est une opération totalement inutile ! Néanmoins, cette position « anti » ne résume pas la tendance actuelle qui évolue plutôt vers une acceptation de la chirurgie à type de nymphoplastie, à condition d'une bonne indication et devant des déformations authentifiées par un examen clinique et un interrogatoire minutieux ! D'autres auteurs ne partagent cette vision négative devant les doléances féminines concernant leur intimité. 

La chirurgie intime connaît un essor sans précédent. © deagreez, Adobe Stock

La place de la labiaplastie chez les très jeunes filles

Du fait de l'accroissement exponentiel de la demande, surtout aux États-Unis, il paraît intéressant de se référer à un article de sociologue sur la perception de leur vulve par les jeunes filles : « Everything's neatly tucked away': young women's views on desirable vulval anatomy. Calida Howarth,Jenny Hayes,Magdalena Simonis &Meredith Temple-Smith Pages 1363-1378 | 26 Apr 2016, Published online.

Résumé : « Dans le contexte d'une demande d'interventions cosmétiques en chirurgie génitale augmentant rapidement et de l'absence de littérature dans ce domaine, nous avons examiné les connaissances des jeunes femmes sur l'anatomie vulvaire et les sources de l'information anatomique. Vingt-et-un entretiens semi-structurés ont été conduits dans une institution de l'enseignement supérieur avec des jeunes femmes âgées de 18 à 28 ans. Ces entretiens ont permis d'explorer les connaissances des participantes sur l'anatomie génitale « normale » et « idéale » et d'examiner comment ces perceptions étaient construites. Les entretiens ont été enregistrés et transcrits, et leur analyse a permis d'identifier six thèmes majeurs et 30 sous-thèmes.

L'étude a révélé que les femmes étaient nombreuses à ne pas être certaines de ce qui constituait l'anatomie génitale féminine normale. Peu de femmes savaient à quelles parties génitales le mot « vulva » renvoyait. Toutes les participantes ont désigné, sur une photographie, des parties génitales féminines dépourvues de poils et sans « labia minora » visibles comme « l'idéal » sociétal, et ont reconnu avec force la nécessité de ressources éducatives appropriées. L'accès à des ressources montrant la diversité de l'anatomie génitale normale pourrait être bénéfique aux jeunes femmes. Les résultats laissent entendre que les médecins qui reçoivent des demandes d'interventions cosmétiques en chirurgie génitale devraient examiner comment leurs patientes comprennent leur propre anatomie et ce qu'elles croient pouvoir obtenir avec la chirurgie. Il se pourrait que certaines jeunes femmes aient juste besoin d'être rassurées quant à leur normalité. Les résultats de cette étude pourraient contribuer au développement de matériel éducatif destiné aussi bien aux professionnels de santé qu'aux jeunes. »

Le développement facilité par Internet des images pornographiques est accusé, par nombre d'auteurs sociologues, comme le modificateur essentiel des critères de « normalité » en ce qui concerne l'aspect intime des organes génitaux. En témoigne un article récent sur l'influence de la pornographie sur la perception des organes génitaux de la jeune femme : « Labiaplasty and pornography: a preliminary investigation:Bethany Jones et al. Porn Studies, Published online: 13 Jan 2015:Validation of genital appearance satisfaction scale and the cosmetic procedure screening scale for women seeking labiaplasty ».

Il existe de la part d'un groupe d'intellectuels et de féministes très engagées une opposition aux opérations de chirurgie esthétique intime. Ces personnes respectables font valoir que ces opérations de chirurgie esthétique intime, notamment les labiaplasties de réduction, sont contre-nature et ne devraient pas être pratiquées. Elles s'appuient sur les risques de complications post-opératoires qui peuvent atteindre 15 % dans certaines statistiques. Leur deuxième argument fondamental est que c'est une opération non nécessaire pour la santé et qui s'effectue sous la pression de publication médiatique et de visionnage de films pornographiques. De plus, le fait que des adolescentes souhaitent ces opérations alors qu'elles n'ont pas encore de maturité sexuelle avérée, représente un élément négatif pour l'acceptation d'opérations dont le but serait futile et n'aurait qu'une connotation financière de la part du chirurgien.

 

Comment gérer les suites opératoires d'une nymphoplastie ?

Les suites opératoires peuvent être gérées d'une façon hygiénique à condition d'utiliser un brumisateur après les gestes de la toilette intime, puis il convient de sécher avec un séchoir réglé sur tiède. Enfin appliquer une pommade cicatrisante en se désinfectant bien les mains. Les sutures utilisées sont en général résorbables, elles tombent entre 15 à 21 jours. Un pansement de protection absorbant peut être utile les premiers jours. Les douleurs sont modérées en général, supportées avec des antalgiques banals. La résection des petites lèvres en forme de « V majuscule » expose davantage aux désunions et à de petites nécroses, qu'il faudra traiter par cicatrisation dirigée.

Quels sont les tarifs des labiaplasties ?

La Sécurité sociale prend en charge une partie de l'opération lorsqu'il existe une déformation importante et fonctionnellement gênante. Lorsque l'indication est purement esthétique, l'opération est alors à la charge totale de la patiente. Elle se fait en ambulatoire, mais peut coûter de 1.500 à 3.000 €, en fonction de la difficulté du cas et de la notoriété du chirurgien.

Conclusion

La labiaplastie génitale est une opération bien au point pour laquelle il faut une bonne expérience chirurgicale et qui se pratique paradoxalement surtout par des chirurgiens plasticiens réparateurs et esthétiques, du fait d'une certaine désaffection de la part des gynécologues obstétriciens.

Mouvement inexorable ou mode transitoire, la chirurgie intime connaît un essor sans précédent, les gynécologues partagent avec les plasticiens le rôle d'acteurs du bistouri dans ce domaine très discuté, sinon contesté, par une cohorte d'individus bien-pensants très hostiles à ces opérations considérées comme mutilantes ou inappropriées, et pourtant les patientes demandeuses sont en général très satisfaites et signalent une amélioration de la qualité de leur vie quotidienne. Comme toujours, c'est la recherche des bonnes indications qui prime, avec une grande méfiance à opposer aux demandes des mineures, influençables par les images visibles sur des sites pornographiques. Ainsi la meilleure technique est celle que chacun maîtrise le mieux en fonction de son expérience passée.

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